Participants: Antoine, Elsa, Vincent, Julien (Martel) sur les premiers puits, Romain (Martel, Garagalh), Salvador (Garagalh).
TPST: 16h
Le Trou Souffleur est, avec l’Aven Autran, une des cavités les plus profondes du Vaucluse. Situé dans la commune de Saint Christol sur le plateau d’Albion, il forme avec le système Aubert, un réseau de 10 853 m de développement pour 921 m de dénivelé.
Une équipe inter-régionale de jeunes, pour la plupart issus de l’EDS, poursuit les explorations depuis 2019 en réalisant des escalades et des plongées. Nous avons fait leur connaissance au Berger cet été et à l’exercice régional SSF à la Castelette. Notre motivation est de contribuer à notre niveau à les aider dans cette belle entreprise, tout en découvrant ce réseau d’ampleur. Certains d’entre eux sont déjà sous terre depuis vendredi et dorment au bivouac à – 600 m.
On se retrouve à Saint Christol vendredi soir. Nous avons dormi au gîte de l’ASPA situé à 2 min du trou. Il est tenu par deux spéléos Harry et Marie-Clélia, très sympas et pleins de bons conseils. Le gîte est vraiment un bon plan. Il est pensé pour les spéléos. C’est 19€ la nuitée pour les fédérés et pour 16€ supplémentaires, la hôte prépare un repas de rois qu’on peut faire réchauffer en sortant du trou.
Samedi matin on retrouve quelques autres spéléos qui vont descendre avec nous : Damien, Bastien, Mathias, Alex VDK (GS Magnan) pour rejoindre le bivouac et faire des escalades. Au total, 17 personnes qui iront sous terre ce WE.
Notre mission sera de descendre une corde pour ré-équiper une section, déposer un kit de corde et cordelettes kevlar en haut du P76, descendre un duvet/matelas au bivouac et remonter une bouteille de plongée de 7 L.
Le Trou Souffleur contient 2,5 km de cordes. C’est bien de participer à l’entretien car il y a beaucoup de passage.
Pour notre première sortie dans ce trou, on vise le bivouac à -600 m et le début de la rivière amont, puis sur les conseils d’Harry, le réseau Amalgame où les copains travaillent.
La partie, qu’on visite, est décomposée en 200 m de puits “d’entrée”, 200 m de méandre horizontal glissant avec progression en opposition (méandre de l’Ankou, sans le précieux balisage c’est l’égarement assuré avec complications), puis 350 m de gros puits (P64, P76, R80, P114). Pour cette dernière section, on ne quitte pas la corde sur 350 m, hallucinant. Ce sont des très beaux volumes dans beau calcaire blanc parsemés de silex parfois d’un mètre de large.
Il est 10h20. On commence à rentrer sous terre par l’entrée artificielle. On se scinde en 2 équipes, une première constituée de Elsa, Julien et Vincent qui avance le plus rapidement possible vers le début de la grande série de puits, puis une 2eme équipe constituée de Romain, Antoine et Salvador qui s’occupe de remplacer la corde dans le P7 et changer quelques sangles dynema sur le passage.
12h. Le premier groupe attaque le méandre de l’Ankou. Julien lui préfère s’arrêter là et remonter. Nous voilà plus que 5 … On met 1h à le passer, on laisse passer les autres spéléos, on mange un peu et à 13h30 on commence la descente de la 2nd série de puits. Le 2ème groupe nous rejoint rapidement dans le P64.
A la descente, on s’extasie sur les volumes, difficile de ne pas s’arrêter au milieu du P114, même en puissance maximale, on n’arrive pas à voir le plafond, le fond ou la paroi d’en face, ambiance progression sur falaise de nuit, incroyable !
Il est 17h, fin de la descente. On touche le fond. Direction le bivouac pour livrer notre colis, où seulement Yaël et Alex VDK sont présents. Tous les autres sont dispersés en plusieurs équipes dans le réseau.
On passe le bivouac, traversons l’énorme salle Arénacée pour remonter la rivière amont : un beau et vaste conduit avec une section bien ronde jusqu’au siphon amont (siphon 1). Une partie de la progression se fait sur corde, avec une petite tyrolienne pour traverser la rivière et une main courante.
On ne pourra pas aller plus loin, le temps passé sous terre est notre ennemi. Nous avons dépassé l’objectif horaire fixé, le réseau Amalgame ce sera une prochaine fois.
Il est 19h. On remonte avec Alex VDK, qui jugeant de sa condition physique actuelle, préfère renoncer au bivouac, nous voilà 6 à nouveau, ça nous arrange. Le compte sera bon entre la rentrée et la sortie ! Les autres restent au fond pour leur explos. La remontée semble interminable. C’est au total 84 fractionnements. A la remontée, en haut du P64, on remarque que l’on passe à travers un énorme compartiment rocheux instrumenté de nombreuses jauges Saugnac (fissuromètre). Tout en sifflotant avec détachement, la goutte au front, on réalise qu’en cas de rupture, il vaudrait mieux être au bar en surface, le volume instable qui pourrait être mobilisé est monstrueux !
Le méandre de l’Ankou, qu’on avait passé en 30 min à l’aller pour le groupe 2, nous prendra plus d’1h au retour. Enfin, on sort à 2h du matin. Le trou aspire un air froid négatif. C’est gelé dehors … On se change rapidement et on rentre au gîte où nous attend l’apéro et pour certains veinards un bon repas chaud préparé par les gérants. On se couche à 4h du matin.
Lendemain difficile, courte nuit, courbaturés, mais fiers d’avoir accompli cette aventure. Après l’effort, le réconfort, direction la ferme pour acheter du Banon, fromage de chèvre local. On profitera de l’après-midi pour visiter la fontaine de Vaucluse (résurgence du Trou Souffleur). C’est une belle grande vasque aux eaux limpides au pied d’une gigantesque falaise trouée de baumes, qui s’enfonce vers les profondeurs (explorée jusqu’à -300 m environ avec un petit sous-marin). En bref, on s’est mis la misère dans une cavité mythique, pris l’apéro et mangé du fromage avec les copains, on en redemande !
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